Women, young and middle class for the climate

Tous nos points de repères sont entrain d’être chamboulés. Nous ne devons plus chercher à regarder le vieux sage pour trouver la voie, il faut au contraire chercher la jeune écolière en grève assise seule dans le froid. Nous ne devons plus chercher les princes, s’il n’y en a déjà eu, il n’y en a plus, c’est dans les classes moyennes que se trouvent celles et ceux qui nous sauvent.

La vie est ailleurs et l’humanité aussi

Toutes et tous nous connaissons Greta maintenant, il suffit de dire Greta c’est bon, on sait de qui et de quoi il est question. Elle a 16 ans, il y a aussi Alexandria aux Etats unis, elle a 13 ans et il y en a aussi une dans le Colorado c’est Haven 12 ans, des jeunes filles qui coordonnent les actions pour le climat il y en a en Belgique, en Allemagne, en Australie… Ce sont encore des enfants, pas tout à fait des jeunes pour certaines. Elles sont déterminées, n’ont rien à perdre, elles savent intuitivement sans doute que les 40-70 ans qui mènent le monde se sont totalement fourvoyés, qu’ils mentent et qu’il ne faut surtout pas les suivre. Pour une raison simple, la vie est ailleurs et en conséquence l’humanité aussi.

Les pauvres, ne peuvent rien

Quand on regarde la carte des manifestions du 15 mars dans le monde on s’aperçoit qu’elles ont lieu dans les pays ayant les classes moyennes les plus développées, vivant dans les pays les plus libres. Bien peu de manifs dans les pays émergents où les populations dans leur grande majorité doivent se battre au quotidien pour leur survie. – le paysan qui doit tous les jours cultiver son riz pour nourrir sa famille ne peut pas s’occuper des affaires de la cité – dit le sage. Aujourd’hui il ne s’agit pas des affaires d’une ville particulière, il s’agit des affaires de la planète. Les plus de 7,5 milliards d’humains sur la planète sont concernés. Notre survie dépend de l’action de chacune et chacun d’eux. Nous avons besoin de tout le monde pour nous en sortir, pas un(e) dont la présence active pour la transition serait inutile. Les pauvres quand ils seront moins pauvres s’associeront à la lutte pour le climat.

Les riches ne peuvent rien

Aussi évident que les pauvres ne peuvent rien, les riches ne peuvent rien. S’ils pouvaient quelque chose ils l’auraient déjà montré. Ils ont toutes les manettes, les riches. Ils ont la presse dans des proportions insensées, en particulier en France, ils ont tous les leviers économiques en mains, ils ont le pouvoir politique pratiquement partout. Cela fait 60 ans et même plus qu’ils savent qu’il y a un problème avec l’environnement et ils ne font rien. C’est juste qu’ils ne peuvent rien faire. Pourquoi ? Il faudrait leur demander. Vu de notre fenêtre de la classe moyenne on peut penser que leur arrogance les aveugle. Ils se prennent pour des dieux comme dit Nicolas Hulot riche lui-même, il sait de quoi il parle. Les riches quand ils seront moins riche retrouveront la communauté et le sens des responsabilités.

Développer les classes moyennes pour sauver l’humanité

Il reste les classes moyennes. Ces classes moyennes, menacées d’érosion un peu plus chaque année par le bas il y a des milliards de pauvres dans le monde, 8 millions rien que en France, chiffre en constante augmentation, 600 000 de plus en 10 ans de 2006 à 2016. Les classes moyennes qui ne sont pas nourries par le haut, des riches tous les ans de plus en plus riches. De plus en plus de très riches, autant dire de plus en plus d’irresponsables qui se vivent hors communauté. C’est là dans ces classes moyennes que se trouvent celles et ceux qui se mettent debout pour le climat. Des personnes instruites ayant le sens des responsabilités, dotées d’un esprit critique développé, aptes à prendre des initiatives. Ce sont ces classes moyennes qui doivent augmenter dans le monde, ce sont elles qui peuvent nous sauver. En augmentant de façon très importante l’éducation à la transition pour toutes et tous tout au long de la vie.

Les vieux ne peuvent rien

Ce sont les plus âgés d’entre nous qui nous ont mis dans cette situation. Par avidité comme Gandhi l’a dit : « Il y a assez de tout dans le monde pour satisfaire aux besoins de l’homme, mais pas assez pour assouvir son avidité », par manque d’esprit critique et là on pense aux paysans qui se laissent embobinés par les marchands de produits phytosanitaires vendus par les coopératives et à tant d’autres qui achètent un tas de produits inutiles et souvent néfastes pour la santé, ravage de la publicité. Les vieux sont dans l’erreur par manque de culture écologique. Certaines et certains d’entre nous avaient un cours d’écologie en première et terminale au tout début des années 70, cela n’a pas été généralisé par les institutions éducatives. Les vieux peuvent faire leur examen de conscience et se mettre au service des jeunes. Durant nos vies pendant 30 ans on rêve, de 30 à 60 on tente de réaliser nos rêves et de 60 à 90 on aide les jeunes à réaliser leurs rêves. Quoi d’autre ?

Les hommes ne peuvent rien

Ce sont des femmes. Il y a les jeunes femmes certes et les très jeunes, elles sont sur la scène mais il y a aussi les plus grandes qui sont plus en coulisses. Sylvie qui plante une forêt avec ses élèves du primaire, Sophie qui met tout son collège en débat sur le climat, Lucie qui se met en grève de l’école posant la question du sens du métier d’enseignant et les leaders d’enseignant.e.s pour la planète, encore des femmes. Peut-être que les hommes ont moins de courage aujourd’hui, peut-être que les manettes dont ils ont encore le contrôle commencent à leur brûler les mains. Ils ne savent plus qu’en faire, ils doutent. Elles, elles sont appelées par la vie. Elles nous emmènent vers la vie.

L’émergence d’une citoyenne planétaire

« Selon les organisateurs de ce mouvement baptisé « Fridays for Future », plus d’un million d’étudiants, de lycéens et de collégiens ont défilé dans 2 000 villes de 125 pays, un record. » dit le Monde du 16 mars. Ailleurs il dit « 168 000 jeunes ont défilé vendredi dans plus de 200 villes en France ». A écouter les jeunes dans les rues de Montpellier le 15 mars, à sentir leur énergie et leur détermination, à entendre la force de la clameur qui sortait de leurs poitrines on se prend à retrouver une sorte d’espérance. Elles et ils sont entrain de faire émerger la citoyenne planétaire. Ce ne serait pas juste de la mettre au masculin, tant, en ces jours sombres, nous devons aux femmes.

Roland Gérard